LE PROJET
Il était une fois...
Tout a débuté avec un compte Instagram. Je réalise des portraits avec témoignages et photographies, de personnes queers. D'abord uniquement à Lausanne, puis les retours positifs m'ont poussé à élargir mon champ d'action, tout en gardant l'envie de rester dans quelque chose de local : QueersOfLausanne est devenu QueersOfRomandie.
Participer à la reconnaissance de la diversité culturelle et sociale, en Suisse romande, ainsi qu'offrir de la visibilité aux personnes queers (LGBTQ+) sont les objectifs principaux des portraits ; valoriser des parcours de vie loin d'être évident dans une société qui nous dit qu'on peut être soi-même uniquement tant qu'on ne déroge pas trop à l'ordre établi. Le projet des portraits continue de suivre son cours sur Instagram et a aussi sa rubrique ici.
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Au fil du temps, j'ai apporté de plus en plus de soin à ce que je partage dans les stories quotidiennes du compte. Les réseaux sociaux sont un espace à double tranchant puisqu'on peut à la fois s'y divertir, apprendre et partager, mais aussi être mis.x.e en contact avec des informations troublantes ou vectrices d'émotions négatives. Je fais mon maximum pour minimiser l'actualité négative qui est relayée par de nombreux d'autres canaux de communication.
Lorsque cela est possible, je participe à visibiliser les commerces, projets de recherche, artistiques, bénévole ou commerciaux développés par des personnes LGBTQ+.
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Le site web est né, d'une part, du désir de sortir du carcan imposé par Instagram, qui met beaucoup plus l'accent sur les images et presque pas sur les textes. D'une autre part, d'ajouter à la photographie et à l'écriture, des informations utiles et parfois un peu casse-tête à trouver pour notre communauté.
Une surprise pour certain.x.es et pas du tout pour d'autres : quand on est LGBTQ+ et en particulier quand on est T (trans*) le monde des soins n'est pas toujours prêt à nous recevoir, parfois même hostile. Aller chez le médecin ou aux urgences ne va pas de soi, il y a encore beaucoup d’incompréhension et de discrimination. La rubrique santé regroupe des noms et adresses de professionnel.le.s de la santé "friendly" dont les personnes concernées m'ont transmis les noms. Je rajoute qu'ils et elles ne sont pas parfait.e.s (comme personne d'ailleurs), mais ont accepté de figurer sur ce site pour visibiliser leur envie de nous venir en aide sans que notre orientation sexuelle, identité de genre ou caractéristiques sexuelles, ne soit un frein à notre prise en charge. Sur le long terme, le but est que les rubriques s'agrandissent et/ou que d'autres se créent si le besoin se présente.
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Il s'agit de mon projet, mais n'existerait pas sans vous ; il s'agit d'une coopération. Les remarques, questions ou propositions constructives sont les bienvenues. Vous pouvez me joindre par e-mail ou par Instagram. ​​​
Queer & inclusif - mise à jour : octobre 2024
​Le mot queer est un anglicisme – qui autant en anglais qu'en français – porte à débat. Perpétuation d'une insulte ou réappropriation d'un stigmate ?
Le terme est polysémique, ce qui veut dire qu'il a de nombreux sens et définitions. Longtemps, un symbole d'assignation et d'oppression imposées aux personnes qui ne correspondaient pas aux normes hétérosexistes, principalement dans les pays anglophones. Il a ensuite été repris par les personnes concernées afin de représenter un affranchissement militant, une différence ou une résistance positive à ce qui empêche d'être soi.
Dans le cadre du projet, il est utilisé comme terme "parapluie" pour parler des personnes LGBTQ+. Pourquoi queer ? Parce qu'à mon sens, la diversité concernant l'orientation sexuelle et/ou l'identité de genre sont plus vastes et complexes que "LGBT". Je n'impose ce terme à personne, il n'est pas nécessaire de spécifiquement s'identifier comme queer pour vous sentir légitime à participer à mon projet. Le but n'est pas d'ajouter ou de supprimer des cases, mais d'offrir un espace virtuel pour partager nos vécus et nos expériences. Queer, ce n'est pas une case de plus dans laquelle se ranger, c'est une manière de voir, sentir et être qui va au-delà de ce qu'on nous dit que devons ou pouvons être. De plus, l'inclusivité parfaite n'existe pas et elle n'est pas une fin en soi. Il s'agit plutôt d'une perspective, d'une forme d'ouverture à l'autre et à soi, qui tend vers la cohabitation. On ne peut ni aimer, ni comprendre tout le monde, on peut par contre vivre et laisser vivre - les affinités feront le reste.
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Sources :
​1. Perlman, M. (2019, janvier). How the word ‘queer’ was adopted by the LGBTQ community. Columbia Journalism Review. https://www.cjr.org/language_corner/queer.php
2. Dubar, C. (s. d.). Biographie d’ERVING GOFFMAN (1922-1982) : Identité et stigmatisation. In Encyclopædia Universalis. https://www.universalis.fr/encyclopedie/erving-goffman/5-identite-et-stigmatisation/
UTOPISTE? POSITIF? RÉALISTE? COMPLÉMENTAIRE ?
Contextualisation - mise à jour : octobre 2024
​​​​Le mariage pour tou.te.s est enfin passé le 26 septembre 2021 et permet aussi aux couples d'adopter des enfants. Les femmes qui aiment les femmes mariées ont aussi accès à la PMA, les procédures de naturalisation ont été standardisées pour être équivalentes à celles en vigueur dans les mariages hétérosexuels. Dès janvier 2022, en Suisse, les changements d'état-civil ont été facilités pour les personnes qui s'identifient ou sont assignées trans*, les coûts de la démarche ont aussi été tempéré. Cependant, l’incompréhension et les nombreuses embûches administratives, médicales et sociales des parcours de transitions restent un enjeu qui n'est pas acquis. Les personnes intersexes sont encore pathologisées et invisibilisées et leur perception par la médecine reste problématique ; de même pour personnes asexuelles et aromantiques. Cette liste n'est pas exhaustive. En bref, on avance, mais il y a encore des discriminations et de la violence.
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À l'échelle internationale, on constate depuis au moins 2019, de plus en plus d'attaques politiques de la droite - pour ne pas dire l'extrême droite - qui visent une réduction des droits humains de manière générale, ainsi qu'un renversement d'acquis socio-politiques qui tendent à l'égalité pour les personnes LGBTQ. Par ailleurs, les droits des femmes, notamment dans leur autonomie corporelle sont aussi dans la ligne de mire. Ce recul - pour ne pas dire backlash - peuvent être constatés aux USA, en Hongrie, en Angleterre, comme en France voisine. Les stratégies politiques de fond restent très semblables, mais les spécificités des modes opératoires divergent en fonction du contexte national.
Par ailleurs, durant les dernières années, la Suisse romande même si elle semble partiellement épargnée, montre des signes de radicalisation. Les associations partagent en mai 2024 que le signalement des crimes à caractères homophobes et transphobes ont doublé par rapport à l'année précédente. Ces chiffres ne peuvent pas être uniquement attribués à une ouverture de la parole, mais à une augmentation effective des violences et d'une hostilité s'inscrivant dans un mouvement politique global dont il ne faut pas détourner le regard. De plus, une frange réactionnaire des élus politiques - notamment dans le canton de Genève - ont présenté des propositions de loi rétrogrades et discriminatoires concernant l'égalité des genres, ainsi que l'accès aux soins. ​​Néanmoins d'autres voix s'élèvent, les associations et les individus travaillent de plus en plus à favoriser l'inclusion et un accompagnement de qualité pour les personnes qui en ont besoin.
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Il n'est pas question d'invisibiliser les difficultés de nos parcours. D'autres projets/comptes sur les réseaux sociaux montrent ces violences qui sont une partie de nos réalités et il est nécessaire que celles et ceux qui ne vivent pas cela ouvrent les yeux. En parallèle, mon projet veut mettre en exergue que nos trajectoires de vie peuvent être riches, vectrices d'apprentissage, de joie, d'accomplissement et une porte vers d'autres luttes ou thématiques qui peuvent aussi nous toucher ; il fait donc sens, dans une approche de complémentarité des vécus et de convergence des luttes. Nous sommes là. Nos expériences nous forgent, mais ne nous définissent pas et méritent d'être entendues, lues et partagées.
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​​Sources :
​1. Romy, K. (2021, septembre). Le peuple suisse dit un grand oui au mariage pour toutes et tous. SwissInfo.ch. https://www.swissinfo.ch/fre/votations-f%C3%A9d%C3%A9rales-du-26-septembre_la-suisse-devrait-ouvrir-le-mariage-aux-lesbiennes-et-aux-gays/46971536
2. Krizsán, N., & al. (2020). The impact of far-right governments on women’s rights in Europe. Feminist Review, 124(1), 1-18.
3. Pinkcross. (2024, octobre). Politique contre les violences et les discriminations. Pinkcross. https://www.pinkcross.ch/fr/notre-engagement/politique/crimes-de-haine
Ma perpective - mise à jour : octobre 2024
" La question n'est pas de savoir si on est d'accord ou en désaccord, la question c'est : est-ce que nos désaccords peuvent produire des effets réels et rendre la vie meilleure [...] comment faire pour que ce désaccord construise quelque chose ? " (BLAST, Le souffle de l’info, 2024).
Mon interprétation de cette idée d'Édouard Louis est que nous avons besoin de trouver ou retrouver la capacité de se réunir même s'il subsiste des désaccords internes, puisqu'il y aura toujours des désaccords ; un accord parfait est illusoire. Nous devons continuer d'apprendre à gérer ce qu'implique de vivre en communauté, à savoir que la différence est un fait, que nous ne pouvons pas tout comprendre, mais que cela ne devrait pas se traduire par des divisions internes quant à notre perspective générale sur ce que signifie le "vivre-ensemble". Cet écrivain ajoute que la droite politique a compris cet état de fait social, puisqu'elle a réussi à dégager des lignes stratégiques directrices afin d'augmenter son pouvoir de persuasion en donnant l'illusion d'une cohérence et d'une cohésion forte qui contribue à faire basculer les gouvernements et une partie de l'opinion publique à droite sur certaines thématiques. Comment faire de même à gauche, comment repenser nos lignes directrices et comprendre que la lutte des classes et aussi une lutte féministe, tout comme devrait l'être le décolonialisme, l'écologie et l'inclusion, ainsi que le respect des personnes LGBTQ. Pour reprendre les mots d'Alok Vaid-Menon : "[trad.] est-ce que vous vous battez pour la liberté ou pour des privilèges ?" Parce que les privilèges sont la possibilité d'avoir accès à certaines formes de privilèges ou de pouvoir et d'en user pour faire la même chose que ce qu'on nous a fait. (We Are Man Enough, 2021). Bon, je m'enflamme, c'est plus facile à dire qu'à faire, on est bien d'accord ; ça vaut quand même la peine d'au moins se poser la question.
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Aujourd'hui, le but de mon projet est d'entretenir un espace de cohésion sociale et de circulation d'informations plurielles. Le queer est à mon sens la matrice d'une société fonctionnelle qui a compris que ni l'horizontalité parfaite, ni l'homogénéité totale ne sont possibles ; qu'il n'est ni possible de se débarrasser des différences, ni des rapports de pouvoir ; comme une répartition absolument parfaite des richesses ou des ressources n'est, à mon sens, pas possible non plus. Nous pouvons cependant, faire le choix collectif de les intégrer dans nos réflexions et dans nos actions afin de les orienter dans un travail continu vers l'égalité, le développement, le renouvellement et le bien-être du vivant. Nous sommes là. Nos expériences nous forgent, mais ne nous définissent pas et méritent d'être entendues, lues et partagées. Nos trajectoires de vie sont riches, vectrices d'apprentissage, de joie, d'accomplissement et une porte vers la prise de conscience de la convergence de nos lutte.
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​​Sources :
​1. BLAST, Le souffle de l’info (Réalisateur). (2024, juin 21). «â€¯Le macronisme est la cause, et l’extrême droite la conséquence »—Edouard Louis [Enregistrement vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=Wu9vCDr019Q
2. We Are Man Enough (Réalisateur). (2021, juillet 26). ALOK : The Urgent Need for Compassion | The Man Enough Podcast [Enregistrement vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=Tq3C9R8HNUQ